Le folklore gaucho d'Argentine

par Olivier Paré, historien, danseur et enseignant

Au Nord de l’Argentine, dans les plaines de la Pampa, des gardiens de troupeaux ont développé une culture vibrante célébrée dans tout le pays. Ces «cowboys» sud-américains portent le nom de Gauchos, un mot aux origines multiples : il viendrait peut-être du mot quechua huacchu (solitaire), ou encore du mot gitan espagnol gacho (paysan).

Les Gauchos gagnaient leur vie de diverses façons, mais bon nombre d’entre eux dressaient des chevaux et passaient une bonne partie de leur vie sur le dos de l’animal. Le cheval, amené en Amérique au 16e siècle par les Espagnols, devient en effet un moyen de transport privilégié dans les vastes plaines du Nord de l’Argentine.

Le costume gaucho

Reconnus comme d’excellents cavaliers, les Gauchos portent un costume adapté à leur travail. Le chapeau permet de se protéger du soleil, tandis que les pantalons (bombachas), amples et résistants, sont idéaux pour l’équitation. Une large ceinture de cuir est décorée de pièces de monnaie. Au centre, une fine sculpture de métal, la rastra, est entourée de six chaînes (trois de chaque côté). Cette pièce, souvent en forme de cheval, peut aussi être composée d’une insigne gravée des initiales de l’homme qui la possède. La qualité et la valeur du métal choisi nous informent de la richesse du propriétaire.

Si vous observez bien les pantalons, vous trouverez peut-être des similitudes avec certaines modes moyen-orientales. Les bombachas ressemblent étrangement aux sarouels! Ce n’est pas qu’une coïncidence : à la fin de la Guerre de Crimée, en 1856, environ 100 000 pantalons de ce genre, destinés à l’armée turque, sont envoyés en Argentine pour être revendus à bas prix. Ces 100 000 pantalons représentent à ce moment-là environ 10% de la population! Ils vont donc être adoptés progressivement par les Gauchos.

La peña, veillée des Gauchos

Après de longues journées à cheval, les Gauchos se réunissent avec leurs partenaires lors de soirées traditionnelles nommées peñas. On y rencontre et séduit des femmes lors des danses de couples, dont l’une des plus répandues est la chacarera. Originaire de la Pampa, cette danse en pas valsés se caractérise par des déplacements intercalés des zapateos des hommes (jeux de pieds) et des zarandeos des femmes (figure aux élégants mouvements de jupe).

La peña est aussi une occasion en or pour montrer ses talents. L’une des danses en solo les plus impressionnantes est le malambo : les hommes y exécutent des prouesses techniques et des pas rapides, imitant les mouvements des cavaliers à l’œuvre et des chevaux eux-mêmes.

Retrouvez l’ambiance d’une peña argentine dans cette vidéo enregistrée lors du spectacle annuel des Mutins, en 2018.